Le Festival d’Anjou bat son plein. Le Concours des Compagnies se poursuit dans l’écrin du Grand Théâtre d’Angers. J’avais attiré votre attention dans mon article précédent sur la diversité des pièces présentées lors de ce Concours. La suite du Concours n’a rien démenti.
Andromaque ou le combat pour l’humanité de Racine par la compagnie Anastasis
Mercredi, retour aux sources classiques avec Andromaque ou le combat pour l’humanité de Racine par la compagnie Anastasis. Cette pièce m’a émue. Cette œuvre ne m’était évidemment pas inconnue. Mais ici l’interprétation des acteurs était si sensible et si poignante que cela a été une totale (re)découverte. L’interprétation d’Andromaque par Emilie Delbée est déchirante. Celle de Valentin Fruitier dans le rôle de Pyrrhus est ardente et fiévreuse. L’amour fou qu’il porte à Andromaque, contre lequel elle lutte est en soi un personnage de la pièce, presque palpable. La mise en scène d’Anne Delbée, les décors, les costumes de Christian Lacroix ont magnifiquement servi cette œuvre de Racine. J’espère que de nombreux lycéens, collégiens et étudiants étaient dans la salle. Aborder Andromaque ainsi ne peut qu’être positif dans l’apprentissage des grands classiques de la littérature.
La dernière idole par la compagnie ACM
Jeudi, parenthèse people avec La dernière idole de la compagnie ACM. En entrant dans la salle, mon regard s’est arrêté sur cet homme, seul en scène, assis à une table encombrée de verres et de bouteilles vides, fumant cigarette sur cigarette, perdu dans ses pensées. Plus de la moitié du spectacle s’est déroulée avant qu’il ne révèle son identité. Cette dernière idole c’est Johnny Halliday. Cela pourrait être n’importe quelle star. Ce qualificatif conduit aux mêmes débordements et aux mêmes errements pour ceux qui le portent. Il faut nourrir la bête qu’est le public quitte à se perdre soi-même. Pierre-François Garel interprète la star dans sa face sombre d’une façon remarquable. Il ne nous épargne rien de toutes les souffrances vécues pour être une bête de scène et surtout de cette incroyable solitude. C’est dommage que la pièce ait subi la double concurrence de la coupe du monde de football et de la fête de la musique. Elle méritait un public moins clairsemé.
Clérambard par la compagnie le Grenier de Babouchka
Vendredi, le Grand Théâtre a à nouveau fait le plein avec Clérambard de Marcel Aymé par la compagnie le grenier de Babouchka. Nous sommes dans un château tenu d’une main de fer par le compte de Clérambard. Il mène toute sa famille à la baguette pour éviter la ruine et les créanciers. Car oui, noblesse ne rime pas toujours avec richesse. Et puis, le voilà transfiguré par sa rencontre avec Saint François d’Assise ! À partir de là, son comportement devient complètement fou. Je ne vous en dis pas plus et vous laisse le plaisir de découvrir en quoi.
J’ai aimé l’esprit de troupe et le climat joyeux des acteurs qui ont plaisir à jouer ensemble.
Dans ces trois pièces, si différentes dans les univers, les auteurs, les mises en scène, le thème récurrent reste l’amour. L’amour assassin de Pyrrhus pour Andromaque, l’amour vampire du public pour la star qu’il vénère dans La dernière idole et l’amour déplacé d’Hector de Clérambard pour La Langouste, fille de petite vertu.
Le palmarès du Concours des Compagnies
Le théâtre c’est plein de rebondissements ! Le palmarès du Concours en est une nouvelle preuve. C’est la Compagnie ACM avec La dernière idole qui rafle les trois prix : Jury, étudiants et meilleur acteur ! Soit la somme de 26000 € qui devra lui permettre de voir l’avenir en rose. Félicitations !
Rendez-vous en 2019 pour le prochain Concours des Compagnies ! D’ici là, ne boudons pas notre plaisir et profitons des représentations théâtrales à la ville comme à la campagne !