Jeudi dernier, à Chalonnes-sur-Loire, c’est avec plaisir que j’ai assisté à la rencontre littéraire autour de Danièle Sallenave et son dernier ouvrage, « L’églantine et le muguet ». Cette rencontre m’a confortée dans l’idée que « Le dictionnaire amoureux de la Loire » et « L’églantine et le muguet » ont toute leur place dans la bibliothèque du Clos des 3 Rois. Une autre façon pour mes hôtes d’aborder l’Anjou.
Danièle Sallenave, écrivain ligérien
Danièle Sallenave a répondu aux questions d’Antoine Boussin sans langue de bois. Elle est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, romans, essais, récits de voyages. Elle a été élue à l’Académie française en 2011. Elle est aussi voire surtout angevine. Elle dit d’ailleurs « ma terre natale est un fleuve : la Loire ». Ce qui la mène bien au-delà des frontières de l’Anjou.
Danièle Sallenave, républicaine convaincue
Danièle Sallenave a passé toute son enfance à Savennières à une époque où la République et ses valeurs n’allaient pas de soi. Sans sectarisme, ses parents, instituteurs passionnés par leur métier, ont eu à cœur de lui transmettre ainsi qu’à leurs élèves les valeurs républicaines sur des terres acquises au clergé et à la noblesse. Ils l’ont laissé libre de ses choix. Elle est athée et le demeure. J’ai découvert combien les clivages étaient profonds. Je comprends pourquoi aujourd’hui, dans les villages, l’école laïque et l’école privée se côtoient, pourquoi les églises sont si imposantes, pourquoi les guerres de Vendée ont marqué l’Anjou. Comme Danièle Sallenave, je ne m’explique pas l’accueil réservé à Christiane Taubira à Angers. Si loin de la douceur angevine et de la bonhomie des Angevins.
Danièle Sallenave et le syndicalisme ouvrier
Son père a participé à la création de l’Églantine sportive de Trélazé dans la pure tradition anarcho-syndicaliste. Pourquoi l’Églantine ? L’églantine rouge était la fleur du mouvement ouvrier. La ville de Trélazé a un riche passé minier et ouvrier. Sous l’égide du maréchal Pétain, le muguet a remplacé l’églantine. Effectivement, aujourd’hui, on ne voit plus d’églantines lors des défilés du 1er mai. Danièle Sallenave délivre des Eglantinards d’honneur à ceux qui restent fidèles à la tradition républicaine et se distinguent dans les luttes ouvrières.
En conclusion, vous l’aurez compris : j’ai une admiration profonde pour cette femme de conviction, érudite et pleinement connectée à notre époque. Je citerai un passage de « L’églantine et le muguet » qui est parfaitement adapté à notre époque et devrait nous habiter : « Face aux défis d’aujourd’hui, il nous faut inventer une république juste, sociale, postcoloniale. Qui ne soit pas mise au service d’une version française du «choc des civilisations ». Et qui retrouve ce qui animait l’idée républicaine dans ses origines, avant même qu’elle s’établisse durablement : le désir, l’espoir, la volonté de faire advenir un monde où chacun pourrait s’arracher à la dépendance, politique, économique, sociale ; C’est cette république qu’il nous faut. Cet idéal, toujours inaccompli. Mieux qu’un idéal : une utopie. Car l’idéal est un rêve, tandis que l’utopie est un projet. »
Les conseils de lecture de Liliane
Le dictionnaire amoureux de la Loire, Plon, 2014
L’églantine et le muguet, Gallimard, NRF, 2018
Ces deux ouvrages écrits par Danièle Sallenave sont à retrouver dans la bibliothèque du Clos des 3 Rois